http://bota-phytoso-flo.blogspot.fr/2013/11/botanique.html

dimanche 30 juin 2013

La "spinodiversité" : diversité du piquant

Ce poste a pour objectif de proposer un survol des genres de France métropolitaine communément identifiés comme des "chardons". Quelques caractères sont mis en valeur dans une tentative d'apporter quelques éléments pour "démêler" les piquants des nombreuses espèces qui les portent.
- Poste en construction : tout commentaire, apport, correction ou critiques sont les bienvenus -

Ça pique ! C'est sûrement un chardon, non ? On assumera pour les besoins de ce poste que le concept large de "chardon" dans le sens commun (vulgaire ;-) du terme, peut être défini à peu près comme suit :

"Plantes herbacées à suffrutescentes, largement couvertes d'épines ou d'aiguillons sur la tige, les feuilles et/ou l'inflorescence. Leur floraisons sont généralement violettes mais on en trouve également des bleues, jaunes et blanches."

Deux genres viennent rapidement à l'esprit de tous les botanistes : les Cirsium (Cirses en français) et les Carduus : les "vrais" Chardons. À ces deux premiers genres de la famille des Asteracées s'ajoutent de nombreux autres, principalement dans cette même famille, mais également dans d'autres, notamment chez les Caprifoliacées avec le genre Dipsacus (Cardères, Cabaret des oiseaux) et chez les Apiacées avec les genres Eryngium (les Panicauts) et Echinophora (Panais épineux).

Liste taxonomique (à titre indicatif) :
- Apiaceae
     - Echinophora
     - Eryngium
- Asteraceae
     - Atractylis
     - Carduncellus (-> Carthamus p.p.)
     - Carduus
     - Carlina
     - Carthamus p.p.
     - Centaurea p.p.
     - Cirsium
     - Cynara p.p.
     - Echinops
     - Galactites
     - Notobasis
     - Onopordon
     - Scolymus
     - Silybum
     - Thyrimnus
- Caprifoliaceae
     - Dipsacus

Exclusion :
Pour ce poste, on ne retiendra pas ni le genre Arctium dont les fruits portent des crochets assez souple, ni le genre Lactuca dont certaines espèces portent une rangée d'épine sur la face inférieure des feuilles. Quelques Centaurées dont l'involucre présente des bractées sclérifiées dures ont été incluses.

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Caractères déterminants
Sont présentés ci-après quelques espèces dont les caractères particuliers permettent de les distinguer plus facilement au sein de ce groupe.

La distinction entre les Cirses et les Chardons vrais (Carduus) se fait sur les soies de l'aigrette (pappus). Les autres caractères (port, inflorescences, feuilles) sont en effet difficiles à distinguer au sein des deux genres.
Les soies des Cirsium sont plumeuses alors que celles des Carduus sont denticulées :
Akène à pappus denticulé d'un Chardon vrai (Carduus)
Akènes à pappus de soies denticulées : genre Carduus
(Image CC by-sa Dominique REMAUD & Tela-Botanica)

Akène à pappus plumeux d'un Cirse (Cirsium)
Akènes à pappus de soies plumeuses : genre Cirsium
(Image CC by-sa John DE VOS & Tela-Botanica) 

La plupart des autres genres peuvent être distingués par certaines caractéristiques particulières ainsi :

- les Onopordes ont fréquemment des feuilles décurrentes sur la tige, faisant paraître celle-ci largement ailée :
Tige de Pet-d'Ane (Onoporde)
Tige ailée chez Onopordon acanthium  (Image CC by-sa Marie  PORTAS & Tela-Botanica)
Toutefois, ces feuilles décurrentes ne sont pas caractéristique des Onopordes et on les retrouve également chez certains Cirses, notamment le Cirse des marais :
Tige de Cirsium palustre (L.) Scop. (Image CC by-sa "avreliane" & Tela-Botanica)

- les Onopordes et les Silybum ont des capitules à bractées très pointues, dures et souvent recourbées vers le bas,
Capitule de Pet-d'Ane (Onoporde)
Bractées acérées chez Onopordon arenarium (Image CC by-sa Liliane ROUBAUDI & Tela-Botanica)
Capitule de Chardon Marie
également chez Silybum marianum (Image CC by-sa Jame LAGARRIGUE & Tela.Botanica)
Le Chardon de Syrie, Notobasis syriaca (L.) Cass., dont la morphologie des capitules semble assez variable, produit parfois de telles bractées :
Chardon de Syrie (Image CC by-sa Liliane ROUBAUDI & Tela-Botanica)


- Les Carlines présentent souvent des capitules à bractées foliacées, étalées et paraissant desséchées,
Capitules de Carline en corymbe
Capitules de Carlina corymbosa (Image CC by-sa Bertrand BUI & Tela-Botanica)

- Trois espèces présentent des feuilles marbrées de blanc : Silybum marianum, Thyrimnus leucographus et Galactites elegans,
Feuille de Chardon Marie
Feuille de Silybum marianum, en général à lobes très larges (Image CC by-sa Hervé GOËAU & Tela-Botanica)
Feuille de Galactites elegans
Feuille de Galactites elegans, en général à lobes très fins (Image CC by-sa Pierre LAMBERT & Tela-Botanica)
le "Chardon à tâches blanches" - Thyrimnus leucographus (L.) Cass., possède une importante rosette de feuilles basales et porte plusieurs fleurs au bout de longues hampes. (Image CC by-sa Liliane ROUBAUDI & Tela-Botanica)

- Les Cardères et les Panicauts ont des capitules à réceptables très développés, convexes, de hémisphériques à tubulaires,
Panicaut maritime
Capitules hémisphériques chez Eryngium maritimum, (Image CC by-sa Florent BECK & Tela-Botanica)
Cardère ou "Cabaret des oiseaux"
Capitules à réceptacle tubulaire chez Dipsacus fullonum (Image CC by-sa Annick LARBOUILLAT & Tela-Botanica)
Les Panicauts ont des bractées larges, assez planes et étalées, alors que les Cardères ont des bractées fines, recourbées vers le haut.

- Les Echinops (Azurites et Oursins) ont des capitules sphériques
Oursin à tête ronde (Echinops sphaerocephalus L.) (Image CC by-sa Marie PORTAS & Tela-Botanica)

- Les Atractylis - genre méditerranéen - ont des capitules à fleurs périphériques largement ligulées :
Atractylis humilis (Image CC by-sa Liliane ROUBAUDI & Tela-Botanica)
- Le Picnomon acarna avec ses deux sortes d'épine (foliacées et sclérifiées) :
(Image CC by-sa Bertrand BUI & Tela-Botanica)

- Dans le genre Cynara - genre de l'Artichaud - on trouve son cousin le Carde :
Carde : Cynara cardunculus L. (Image CC by-sa Bertrand BUI & Tela-Botanica)

-Le Chardon d'Espagne avec ses capitules liguliflores jaunes qui le font ressembler à un "Pissenlit avec des épines" :
Scolymus hispanicus L. (Image CC by-sa John DE VOS & Tela-Botanica)
- Autres fleurs jaunes. celles du Carthame laineux :
Carthamus lanatus subsp. lanatus (Image CC by-sa Gabriel CHAPUIS & Tela-Botanica)

- Le Panais épineux, autre Apiacée "chardonesque" que l'on rencontre sur le littoral méditerranéen :
Echinophora spinosa L. (Image CC by-sa Liliane ROUBAUDI & Tela-Botanica)
- On peut souligner que certaines Centaurées, même si elles ne possèdent pas de feuille ni de tige piquantes, ont leurs bractées involucrales transformées en épines :
Centaurea calcitrapa L. (Image CC by-sa Claude FIGUREAU & Tela-Botanica)
Centaurea solsticialis L. (Image CC by-sa Paul FABRE & Tela-Botanica). Attention ! Confusion possible avec Centaurea melitensis L. assez semblable.

- Enfin la Picride fausse vipérine (Helminthotheca echioides) présente de nombreux aiguillons :  

76130 
 Helminthotheca echioides - CC Liliane Roubaudi & Tela Botanica
103601
(ex Picris echioides) - CC Florent Beck & Tela Botanica



- à suivre ...

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Autres ressources sur le net :
- La Cabane de Tellus : Quelques espèces d'Asteracées à fleurs bleues ou pourpres
- La Cabane de Tellus : Les Chardons
- AREHN : Les Chardons 
- Yves000 : Les Chardons
- CRDP de Besançon : Les cirses et les chardons
- "Thistles" d'Australie

Remerciements : à Liliane Roubaudi pour ses encouragement, l'indication de quelques genres oubliés et les multiples photographies qu'elle met à disposition sur le Carnet en Ligne de Tela-Botanica.


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mercredi 26 juin 2013

le papy, les statistiques et l'Aegopodion podagrariae de l'enfer

Je peux (enfin ?) jouer au "papy de service" et dire : "Lorsque j'étais jeune étudiant, on nous apprenait encore à mener l'analyse des tableaux phytosociologiques à la main ! On avait pas toutes ces méthodes modernes avec les ordinateurs et les statistiques et ..." ok stop.

En fait j'ai bien eu des cours de statistiques à la fac et je n'ai jamais trié aucun tableau phytosociologique à la main sur du papier. A la place je les triais sous M$ Excel. Quand à mes cours de statistiques ils avaient le seul tord d'être bien trop généralistes et pas du tout (ou si peu) appliqués aux problématiques de l'étude de la végétation.

Bref, j'ai pas mal galéré et je galère encore pour m'en sortir avec les différentes analyses statistiques. Ça a commencé en 2008 lorsque j'ai découvert JUICE. Depuis ce temps béni (thanks Erwin, thanks Serge) je ne fais plus de couper/insérer nouvelle colonne/coller dans aucun tableur : je fais du cliquer-glisser (c'est plus classe).

Le seul dommage collatéral, c'est que j'ai ouvert la boite de Pandor de l'analyse statistique : Juice contient un menu, satanique, avec plein de pièges, infernaux, tels que "TWINSPAN", "Hierarchical Cluster Analysis", "Non Hierarchical Cluster Analysis", "ISOPAM", "OPTIMCLAS", "Ordination", "COCKTAIL" (molotov ?), etc. Il y a même les très secrètes "Extended Hidden Functions", qui sait quelles horreurs risquent encore de nous tomber dessus ?

Pour affronter ces hordes d'analyses statistiques aux noms barbares, un petit débrifïng est possible sur la page dédié de l'IAVS.

Mais au mois j'ai découvert JUICE et j'ai été conquis, tellement cela facilite le travail de manipulation des tableaux phytosocio'. J'ai même rédigé un tutoriel pour faciliter son appréhension et c'est devenu depuis un véritable manuel d'utilisation grâce à l'aide de Jan-Bernard Bouzillé (Université de Rennes I).

Puis j'ai fait la découverte de Ginkgo, de la suite VEGANA (Vegetation Analysis) mais allez savoir pourquoi, malgré le fait que ce petit software soit écrit en Java et donc multiplateforme, je m'entête à rallumer mon vieux Windaube pour me torturer avec Juice.
Un jour pourtant, promis, j'y mettrai le nez (et vous en entendrez parler).

En attendant mes prochaines élucubrations je vous invite à rejoindre le groupe "la phytosocio pour les nuls" sur facebook.

lundi 24 juin 2013

Végétations herbacées terrestres des milieux ouverts (hors hydrophytes)

! ATTENTION !
Cet article est un brouillon. Il a pour seul objectif de rassembler des morceaux de compréhension sur les végétations prairiales et leurs cousines : pelouses, ourlets, mégaphorbiaies, etc. Il ne s'agit en aucun cas d'une synthèse, mais bien plus d'une feuille de notes et de réflexions.

Tout commentaire, complément ou rectification sont les bienvenus (dans les commentaires).
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L'un des premiers critères de classification des végétations herbacées terrestres des milieux ouverts (*) semble être la taille moyenne de la végétation (souvent plus ou moins correlé à sa densité).

* Hors végétation hydrophile - marais, tourbières, hélophytes, etc. - et strate herbacée des groupements intraforestiers.

On distingue ainsi classiquement (en France métropolitaine tout au moins) :

Les pelouses : (au moins dans la compréhension que j'en ai eu à mes débuts en phytosocio') sont des végétations de plantes herbacées, éventuellement mêlée de suffrutescentes* et dont la hauteur moyenne potentielle dépasse rarement 10-15 (20) centimètres (soit environ la hauteur de la cheville d'un adulte). Les pelouses sont généralement peu densément peuplées et laissent fréquemment voir des espaces de terre nue entre les plantes (tonsures ?).

* suffrutescentes : plantes ligneuses basses ou bien seulement légèrement lignifiées à la base, notamment de nombreuses Cistacées (Helianthemum, Fumana, Cistus, etc.) et Lamiacées aromatiques (Thymus, Lavandula, Salvia, Rosmarinus, etc.).

Pelouse présentant de larges tonsures
Pelouse à thérophytes, lichens et mousses

Pelouse ou prairie ? Un méli-mélo entretenu par la communauté scientifique francophone ?

Par exemple, dans le tome 4, volume 2 des Cahiers d'Habitats du MNHN, l'habitat 6410 : Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux, contient des habitats élémentaires baptisés :
- 6410-1 "Prés humides ...",
- 6410-4 "Pelouses hygrophiles paratourbeuses thermophiles...",
- 6410-7 "Prairies ouvertes ..."
ou encore l'habitat 6510 : "Pelouses maigres de fauche de basse altitude" qui ne contient que des habitats élémentaires appelées "prairies fauchées ..." !
Ces appellations manquent gravement de cohérence.

Par ailleurs, dans la tradition phytosociologique européenne, les pelouses intègrent les végétations des Festuco-Brometalia. Or ces plantes s'élèvent bien au-dessus de la hauteur moyenne potentielle que je propose ci-avant comme limite pour définir les pelouses. Dans ce cas il conviendrait peut-être de corriger ma définition de pelouse pour s'orienter plus vers :

des végétations herbacées incluant fréquemment quelques espèces suffrutescentes, méso-xérophiles à xérophiles, se développant sur des sols peu évolués (souvent squelletiques : dalles pierreuses, graviers, sables, etc.).

mais le MNHN n'en voudrait certainement pas car il a décrit son habitat 6410-4 : "Pelouses hygrophiles paratourbeuses..."!

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Les prairies sont des végétations de plantes principalement herbacées, annuelles, bisannuelles et vivaces géophytes ou hémicryptophytes (incluant peu d'espèces suffrutescentes ou arbustives ou alors de manières assez isolée), dont la hauteur moyenne potentielle atteint au moins 20-30 cm, et tourne plus fréquemment autours de 60-90 cm. Dans certaines conditions favorables, les grandes Poacées prairiales peuvent atteindre 1,50 à 2 m de hauteur. Les prairies sont souvent dominées par des Poacées. Ceci dit, de nombreuses prairies sont dominées (au moins à certaines époques de l'année) par les floraisons des phorbes*.

* phorbe dérive du grec Φορβη (pâture), le terme est utilisé aujourd'hui pour désigner les plantes qui ne ressemblent pas à des graminées, mais possèdent au contraire des fleurs bien visibles. La littérature anglophone retient la graphie "forb".

Prairie dans le bocage nantais
Prairie de fauche dans la plaine alluviale de la Garonne
Il est important de noter que les bermes, fossés, talus et autres accotements routiers sont fréquemment colonisés par des formations prairiales entretenues par une fauche plus ou moins régulière.

Enfin on distingue traditionnellement les prairies de fauches des pâturages. En effet, l'entretien de ces milieux fait appel à des modes de gestion très différents qui permettent l'apparition et le maintien de types biologiques bien distincts.

La fauche favorise les thérophytes (plantes annuelles au développement rapide permettant la fructification avant la fauche et graminées pouvant se multiplier végétativement par thallage) et les hémicryptophytes (plantes bisannuelles et vivaces, possédant souvent une rosette de feuilles dont peuvent repartir des repousses). Enfin l'export de la matière organique (récolte du foin) entretien - à moins d'amendements- un niveau trophique assez faible dans les sols (méso- à oligotrophes).

Le pâturage (notamment intensif) a un impact très différent. La végétation y est piétinée, entretenant des ouvertures régulières, l'abroutissement sélectionne certaines espèces et permet aux refus d'accomplir leur cycle biologique, enfin les animaux apportent leur déjections qui concourent à une eutrophisation des sols.

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Les ourlets :

CATTEAU (2012) définit l'archétype des espèces d'ourlet comme suit : "une hémicrytophyte dressée d'optimum estival aux feuilles majoritairement caulinaires. Ses fruits seraient des fruits secs indéhiscents et l'espèce serait épizoochore. L'inflorescence est généralement composée et très ramifiée ; souvent les fleurs sont agglomérées en capitules, ombelles ou glomérules qui sont eux-mêmes disposés en ramifications. Geum urbanum, Myosotis sylvatica, Agrimonia eupatoria, Hieracium umbellatum, Teucrium scorodonia répondent parfaitement à ce modèle."

HENRY (2013, comm. pers.) rappelle deux caractéristiques de l'ourlet influant sa composition floristique. Premièrement sa structure de lisière qui implique un ombrage significatif  et tend donc à favoriser des espèces à feuilles à limbes larges, caractéristique permettant de compenser, du point de vue de la phytosynthèse, un certain manque de lumière par une plus grande surface d'exploitation. Deuxièmement son statut d'écotone en fait un lieu de passage grandement fréquenté par la faune : gibier, oiseaux et micro-mammifères. Cette fréquentation favorise donc de fait le développement de la zoochorie. Ainsi nombre d'espèces de l'ourlet présentent des fruits consommés par la faune et dont les graines seront disséminées plus loin (endzoochorie) ou bien transportés "à l'insu" des animaux sur leur pelage/plumage : cas des fruits à crochets (exozoochorie).

Ourlet le long d'un chemin forestier
La hauteur moyenne potentielle de l'ourlet varie grandement.
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Les mégaphorbiaies : végétations luxuriantes des grandes herbacées à dominante de phorbes vivaces, formant des groupements souvent denses, difficiles à pénétrer et dont la hauteur moyenne potentielle est de 1 à 2m. Les mégaphorbiaies sont généralement associées à une dynamique hydrique favorable mais pas exclusivement. Les friches accueillent fréquemment des végétation de type mégaphorbiaie*.

* mégaphorbiaie, de mega : grand et phorbe : plante herbacée non graminoïde. Les mégaphorbiaies sont donc, au sens littéral, des végétations à grandes fleurs.

Mégaphorbiaie dans une friche urbaine à Salamanque (Espagne).
Les grandes phorbes ne sont pas l'apanage des seules milieux humides, la preuve : cette friche thermo-xérophile au sud de la Castille-et-Leon.
Mégaphorbiaie plus "traditionnelle" dans le bocage nantais : bien hydrophile, sur sol marécageux, dominée par l'Œnanthe safranée. Hauteur moyenne de la végétation : 1,5 m.

Un exemple de confusion possible entre prairie humide et mégaphorbiaie est donné dans le Catalogue des Végétations du PNR des Millevaches en Limousin :
Les prairies humides hautes sont caractérisées par un cortège d’espèces hygrophiles (Cirsium palustre, Lotus pedunculatus, Juncus effusus, Galium palustre, Epilobium tetragonum, Myosotis gr. scorpioides, Cardamine pratensis) auquel s’ajoute un cortège d’espèces des mégaphorbaies avec des coefficients de recouvrement faibles (Lysimachia vulgaris, Filipendula ulmaria, Angelica sylvestris…).
La confusion avec les mégaphorbiaies est fréquente, mais l’examen du recouvrement des espèces typiques des mégaphorbiaies permet de trancher entre les deux groupements.
Les prairies humides hautes abritent un cortège floristique beaucoup moins vivement
coloré à l’optimum de floraison.
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En fait, ces différentes appellations : pelouse, prairie, ourlet, mégaphorbiaie, ne semblent pas clairement délimitées et définies dans l'usage courant. Même au sein de la communauté scientifique les usages varient. Il serait pourtant intéressant, par soucis de cohérence et afin de faciliter la communication, de proposer des définitions claires, excluantes (éviter les mélanges et donc les difficultés d'interprétation) et de s'y tenir, quitte à renommer certaines communautés ou certaines unités de végétations.

jeudi 6 juin 2013

La phytosociologie française se met en branle ?

À l'occasion de l'annonce - dans la lettre d'information de Tela-Botanica - de la mise en ligne sur le site de l'INPN des déclinaisons des 15 premières classes du PVF2, je viens de découvrir que la Société Française de Phytosociologie (SFP) a enfin fini par créer son site web, alors même que celui-ci m'avait été annoncé en off depuis novembre 2012.

Enfin ! Car s'il existe des critiques (1) à l'endroit de la SFP, il s'agit néanmoins du principal acteur du développement de la phytosociologie en France (2). En l'absence de façade internet, cette association tendait à passer inaperçue. Et son action, en l'absence de communication, n'était pas vraiment à même d'atteindre son public.

Voilà maintenant le site en ligne. Même s'il est encore peu étoffé, il annonce déjà des objectifs prometteurs en terme de contenu.

Outre les annonces concernant les rencontres - AG, colloques, sessions, etc. - nous pourrons sans doute (bientôt ?) y trouver du matériel (comptes rendus et présentations) et surtout une ressource fondamentale et faisant actuellement défaut* : une base de donnée des végétations.

* En partie comblé par l'énorme travail de Ph. Julve et du groupe "Phytosociologie" de Tela-Botanica mettant en ligne des tableaux et d'autres documents représentant un grand intérêt, notamment la "baseveg" de Ph. Julve.

Souhaitons donc un prompt démarrage pour ce site afin de dynamiser un peu cette discipline qui a pu en rebuter tant.

(1) Outre les critiques sur le fond et les disputes entre SIGMA et PSI à propos desquelles je ne suis pas à même de prendre position, j'émettrai surtout une critique sur la forme.
La SFP n'a, jusqu'à aujourd'hui, pas fait beaucoup d'efforts en terme de communication. Aucune information n'était disponible sur internet jusqu'à cette année 2013, pas même une adresse de contact ou un numéro de téléphone ! En dehors des réseaux de bouche à oreille, il était donc impossible de contacter la SFP ou son prédécesseur, l'Amicale Internationale (francophone ?) de Phytosociologie, fondée en 1982 par Jean-Marie Géhu.

(2) Notamment à travers la publication du Prodrome des végétation de France -PVF-, qui s'appuie lui-même sur les actes des Colloques Phytosociologiques, édités par Jean-Marie Géhu de 1975 à 2004 (voir la liste à la fin de l'article).
Ces documents sont extrêmement chers (en moyenne un peu plus de 100 € par volume soit quelques 3000 € pour la série entière) et de toute façon difficiles à trouver. De plus, il n'existe (à ma connaissance) aucun accès en ligne.

J'en tire la conclusion que la SFP n'a pour l'instant pas franchement réussi à rendre largement accessible la connaissance sur les végétations de la France.
Il n'y a guère que les "Contributions au PVF" publiées depuis décembre 2009 par  Bruno De Foucault dans le Journal de Botanique de la SBF. Mais en dehors des cercles universitaires quelle documentation est accessible ?

On ne trouve guère que des ouvrages méthodologiques, mais point de monographies ni de guide des unités du synsystème à quelques rares exceptions près (3).

En terme d'ouvrages méthodologiques, on notera l'ouvrage de Lahondere (1997) et plus récemment celui de Royer (2009), tous deux parus dans la nouvelle série des bulletins de la SBCO. Seul à se dénoter et à toucher un public un peu plus large, l'excellent ouvrage de Bouzillé (2007) : Gestion des habitats naturels et biodiversité (aux éditions Tec & Doc). (Bruno de Foucault avait également publié en 1984 un "Petit manuel d’initiation à la phytosociologie sigmatiste”).

[Edit' (28/10/2013) : Retrouvez une bibliographie plus complète sur cette page.]

(3) Voici une liste des quelques rares documents décrivant des unités de végétation (sans se contenter de les lister) :

- Bournerias M. & C. Bock (2001) Guide des groupements végétaux de la région parisienne. Belin, Paris, 640p. [4e édition (1ère édition 1968)]

- Poitou-Charentes Nature ; Terrise, J. (coord. éd) (2012) Guide des habitats naturels du Poitou-Charentes. Poitou-Charentes Nature, Fontaine-le-Comte, 466p.

- Centre Régional de Phytosociologie, agréé Conservatoire Botanique National de Bailleul (2010) Guide des végétations des zones humides de la région Nord-Pas de Calais.

- Centre Régional de Phytosociologie, agréé Conservatoire Botanique National de Bailleul (2010) Guide des végétations forestières et préforestières de la région Nord-Pas de Calais.

On notera qu'à part les documents du CBN de Bailleul, les guides pour les régions Parisienne et de Poitou-Charentes sont des typologies ad hoc et ne comportent aucune définition phytosociologique des unités de végétation, seulement une indication de correspondance avec les unités du PVF.


=== COLLOQUES PHYTOSOCIOLOGIQUES ===
(Liste trouvée sur ce site web)


Éditeur : GEHU, J.-M., (1975) Tome 01 : La végétation des dunes maritimes. 1975. 83 figs. 11 photographies. 48 tabl. 284 p. (31,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1975) Tome 02 : La végétation des landes d'Europe occidentale. Lille 1973. 398 p. (ISBN 978-3-7682-0971-7) (72,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1975) Tome 03 : La végétation des forêts acidiphiles. 1975. 33 figures. 10 cartes. 88 tab. 396 p. (ISBN 978-3-7682-0965-6) (72,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1976) Tome 04 : La végétation des vases salées. 15 tabs, 520 p. (82,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1978) Tome 05 : La végétation des prairies inondables. 370 p. (ISBN 978-3-7682-1178-9) (72,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1978) Tome 06 : La végétation des pelouses sèches à thérophytes. Lille 1977. 30 figs. 97 tabl. 366p. (ISBN 978-3-7682-1207-6) (72,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1980) Tome 07 : La végétation des sols tourbeux. Lille 1978. 494 p. (ISBN 978-3-7682-1260-1) (87,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1983) Tome 08 : Les lisières forestières. Lille 1979. 74 tab. 484 p. (ISBN 3-7682-1317-X) (93,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1984) Tome 09 : La végétation des forêts alluviales. Strasbourg 1980. 744 p. (ISBN 3-7682-1382-X) (113,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1983) Tome 10 : Les végétations aquatiques et amphibies. Lille 1981. 520 p. (ISBN 978-3-7682-1383-7) (87,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1985) Tome 11 : La végétation des pelouses calcaires. Strasbourg 1982. 647 p. (ISBN 978-3-7682-1425-4) (103,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1985) Tome 12 : Les végétations nitrophiles et anthropogènes. Bailleul 1983. Séminaire "Les mégaphorbiaies" Bailleul 1984. 824 p. (113,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1986) Tome 13 : Végétation et géomorphologie. Bailleul 1985. 876 p. (113,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1988) Tome 14 : Phytosociologie et foresterie. Nancy 1985. 814 p.
(113,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1988) Tome 15 : Phytosociologie et conservation de la nature. Strasbourg 1987. 791 p. (113,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1989) Tome 16 : Phytosociologie et pastoralisme. Organisé à l'Institut National Agronomique par le Prof. R.Delpech, Paris 1988. 859 p. (144,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1989) Tome 17 : Phytosociologie et paysage. Organisé par le Prof. M. Rumelhart à l'École Nationale Supérieure du Paysage, Versailles, 1988. 519 p. (144,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1992) Tome 18 : Phytosociologie littorale et taxonomie. Bailleul 1989. 350 p. (53,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1992) Tome 19 : Végétation et qualité de l'environnement côtier en méditerranée. Organisé dans le cadre di Gruppo di Lavoro per la Vegetazione Societa Botanica Italiana, par les professeurs E. Biondi et L. Mossa, Cagliari 1989. 760 p. (144,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1993) Tome 20 : Phytodynamique et biogéographie historique des forêts. Bailleul 1991. 436 p. (In French) (108,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1995) Tome 21: Ecologia del paesaggio e progettazione ambientale. Il ruolo della  fitosociologia. Camerino 1992. 722 p. (In French, Italian and English) (149,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1995) Tome 22 : La syntaxonomie et la synsystematique européennes, comme base typologique des habitats. Bailleul 1993. 743 p. (144,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1995) Tome 23 : Large area vegetation surveys. Bailleul 1994. 185 figs. 125 tabs. 735 p. (149,00 €)

Éditeurs : GEHU, J.-M. et BIONDI, E., (1996) Tome 24 : Fitodinamica. I differenti aspetti della dinamica vegetale. 242 tab. 285 figs. 895 p. (149,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (1993) Tome 25 : Bibliographie des colloques phytosociologiques de 1975 à 1993 (vols. 1-20). 5 Tab. XVI, 252 p. (49,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (2005) Tome 26 : Données pour un prodrome des végétations de France. Organisé à l'Université Paris - Sud Orsay 1996. 236 p. (68,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (2000) Tome 27 : Les donnés de la phytosociologie sigmatiste : Structure, Gestion, Utilisation.  1128 p. (174,00 €)

Éditeur : GEHU, J.-M., (2004) Tome 28 : La végétation postglaciaire du passé et du présent. Syngenèse, synécologie et synsystématique. Camerino 1998. 1221 p. (188,00 €)