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mercredi 30 octobre 2013

écosystème, habitat, station, milieu, biotope ... tous pareils ?

Ces termes, d'usage très courant en écologie et en conservation de la nature, méritent que l'on rappelle leur définition afin :
- d'éviter de les mélanger, et
- de bien s'entendre sur l'objet exact de nos études ou de nos actions.

Ils ont en commun de désigner globalement les conditions nécessaires à la vie.

Note : Les définitions proposées dans cet articles sont mes propres définitions. Elles ne sont ni recopiées, ni directement influencées d'un ouvrage ou d'une référence en particulier (sauf précision contraire explicite). Elles sont évidemment le fruit de mes études, des divers enseignements que j'ai reçus et des multiples ouvrages et sources que j'ai consultés et dont la bibliographie est l'objet d'articles séparés.
Je serai heureux recevoir des commentaires et de discuter de ces définitions. Merci d'utiliser la fonction "commentaires" de ce blog, disponible en fin d'article pour ce faire.
Si vous souhaitez réutiliser ces définitions vous pouvez le faire en citant cet article :
BECK, F. (2013) Écosystème, habitat, station, milieu, biotope ... tous pareils ? http://bota-phytoso-flo.blogspot.com/2013/10/ecosysteme-habitat-station-milieu.html [date de consultation]

écosystème : terme utilisé pour désigner un ensemble d'éléments vivants et non vivants dont les interrelations permettent de créer ou de maintenir des conditions favorables à la vie (1).
Le terme "écosystème" devrait donc être utilisé lorsque l'on souhaite se référer aux processus naturels : dynamiques évolutives ou régressives, leurs moteurs et leur déroulement ; relations et interactions entre les êtres vivants et les éléments inertes et les processus composant l'écosystème.
L'écosystème est donc un objet d'étude : quand on parle d'écosystèmes on se pose la question de savoir reconnaitre, identifier, qualifier et/ou quantifier les éléments et les processus écologiques y participant et permettant son maintien.

(1) On peut distinguer différents niveaux de naturalité (anthropisation) : écosystèmes "naturels", écosystèmes "perturbés", "agro-écosystème", écosystèmes "dégradés", "écosystèmes artificiels". De manière général un degré de naturalité élevé est lié à un nombre important d'éléments participants à l'écosystème et à une grande complexité des interrelations. À ce titre on peut comparer une forêt tropicale et une culture de tomates en hydroponie sous serre. Les deux sont des écosystèmes : des systèmes qui permettent le développement de la vie. Leur naturalité est par contre, radicalement opposée.

Un écosystème peut être étudié à différentes échelles : depuis une échelle globale planétaire englobant toute la biosphère et correspondant sans doute à la définition absolue de l'écosystème.

habitat : terme utilisé normalement en référence à une espèce ou à un groupe d'espèces pour désigner les éléments et processus écologiques qu'elle(s) exploite(nt) de manière particulière (propre à elle(s)) pour la réalisation de tout ou partie de son (leur) cycle biologique. Une espèce donnée peut éventuellement donc se rencontrer dans différents habitats. Un individu d'une espèce donnée peut parfois exploiter différents habitats au cours de son cycle biologique annuel ou au cours de son existence.

Dans le contexte des sciences de la végétation, le terme "habitat" désigne fréquemment une unité de végétation ou plusieurs unités de végétations proches. Les unités de végétations distinguées par la phytosociologie sont utilisées comme base de description des habitats par la législation européenne (Directive "Habitats" de 1992). Les espèces végétales composant ces unités sont donc à la fois composantes et exploitantes de l'habitat.

On indique fréquemment à quel compartiment de la biosphère on se réfère en précisant : "habitat aquatique", "habitat terrestre", "habitat prairial", "habitat forestier", "habitat dunaire", etc. Un habitat peut être défini sans recourir à la végétation : "habitat rocheux", "habitat cavernicole". On peut se référer à un habitat ou ensemble d'habitats en indiquant l'espèce qui l'exploite : l'habitat de la grenouille rousse, du loup, de la baleine à bosses. Dans le cas des arbres, les individus d'une espèce conditionnent généralement leur habitat et le modifie au cours de leur existence : un semis de chêne et un chêne adulte n'exploitent pas les mêmes ressources et conditionnent des habitats différents (en jouant eux-même le rôle de ressource ou d'accapareur de ressource vis-à-vis d'autres espèces).

On distingue aussi fréquemment le degré de naturalité que l'on reconnait à un habitat donné. La directive européenne de 1992 parle ainsi d' "habitat naturel" et d' "habitat semi-naturel" mais ne précise pas la définition de ces termes. J'en propose une dans cet article.

Un habitat est donc une entité définie et observable. On peut classer les habitats au sein d'un système (une typologie). Un habitat est une désignation qualificative que l'on peut attribuer à des "morceaux" de l'écosystèmes situés dans des lieux géographique différents (répétitivité des habitats).

station : terme à usage et définition multiples

1. le terme est connu des forestiers dans un sens extrêmement proche de la définition donnée ci-dessus pour "habitat". On a réalisé en France des "typologies des stations forestières" et des "cartographies des stations forestières". Dans ce sens, la station est donc l'ensemble des conditions permettant la croissance d'un type de peuplement forestier donné dans un endroit donné. Elle est définie en général par ses paramètres édaphiques, topographiques et climatiques et généralement identifiée sur la base d'une végétation caractéristique et/ou par l'observation du sol.
La distinction entre cette définition de "station" et la définition d' "habitat donnée ci-dessus est principalement basée sur des finalités de gestion / exploitation des ressources naturels. Les forestiers parlent de station pour désigner ou caractériser l'habitat des peuplements d'arbres, les gestionnaires d'espaces naturels parlent d'habitat pour désigner l'ensemble des ressources exploitées et conditionnées par une espèce ou un groupe d'espèces.

2. dans le monde naturaliste on parle couramment de "stations d'espèces" pour désigner les lieux (emplacements géographiques précis) où l'on trouve une espèce. Dans ce sens, la station n'est qu'une pure indication géographique, en général dénuée de toute information écologique. On se réfère à elle en précisant sa situation géographique, notamment à l'aide de toponymes.

milieu : terme utilisé dans le langage courant (non technique), dans un sens à peu près synonyme de la définition donnée ci-dessus pour "habitat" - ce dernier terme est donc utilisé dans un langage technique ou scientifique. Le milieu "naturel" ou milieu "de vie" désigne ainsi l'ensemble des conditions écologiques réalisées dans un lieu ou un ensemble de lieux donné. On pourrait assimiler "milieu" aux définitions des grands types d'habitats : le "milieu aquatique", le "milieu forestier" : c'est littéralement le centre de vie d'une ou de plusieurs espèces donnée(s).

biotope : en définissant l'écosystème j'ai évité d'utiliser ce terme afin de ne pas mélanger les concepts. Pourtant le biotope est partie intégrante de l'écosystème. En réalité il est l'ensemble des éléments physiques non vivants (les scientifiques disent "abiotique") composant l'écosystème : le substrat (matière minérale et matière organique morte), l'eau, les gaz (O2, CO2, etc.), les éléments chimiques (nutriments).

Le terme "biotope" a été mis en valeur par un outil juridique de protection de la nature : les "arrêtés de protection de biotope" (APB) dont l'ATEN précise la définition et les conditions d'application sur son site internet. Le terme est également "promu" par l'existence d'un important bureau d'études environnementales éponyme.

Le terme "biotope" est complété par celui de "biocénose" désignant l'ensemble des êtres vivants (éléments biotiques) composant conjointement l'écosystème.


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