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dimanche 13 janvier 2013

Végétation des murs du Pays Basque

La végétation rupicole : un peu de vocabulaire
rupicole : qui habite les parois rocheuses : du latin rupes, rupis : "paroi rocheuse", et du suffixe -cole : "qui habite".
saxicole : qui vit sur les roches : du latin saxum : "roche".
La distinction se fait donc entre "le mur, la paroi dans son ensemble" et la pierre en elle-même.
Dans le PVF on trouve également le terme barbare de "chasmophyte" du grec chasma (χάσμα) : "ouverture", et phyton (φυτόν) : "plante", et qui désigne donc les plantes qui vivent dans les fissures et les anfractuosités, généralement en situation verticale sur les parois.
Autre vocable mystérieux, celui de "glaréicole", le web francophone semble utiliser ce mot uniquement dans l'expression "Végétation chasmophytique, épiphytique et glaréicole" sans se donner jamais la peine d'en proposer une définition. Il s'agit des communautés en situation horizontale sur substrat semi-grossier (du latin glarea : graviers).

Les plantes saxicoles et les chasmophytes ont donc des niches écologiques distinctes. La première représente une situation extrême à la surface de la roche, ce qui ne laisse guère envisager que quelques bryophytes et certains lichens, les végétaux supérieurs possédant des vaisseaux et des organes spécialisés, devraient quant à eux se retrancher dans les fissures. Dans les deux cas on distinguera la situation verticale des rupicoles, qui nous intéresse ici, et celle horizontale des glaréicoles.

Classification phytosociologique
La végétation des parois (hors falaises dont les végétations sont dispersées selon d'autres critères) est répartie selon le PVF en trois classes :
- la végétation des suintements ombragés sur substrat calcaire :
Adientetea capilli-veneris Br.-Bl. in Br.-Bl., Roussine & Nègre 1952
en général localisée sur les parois des bords de rivières, grottes, parois intra-forestières, on a observé toutefois l'espèce caractéristique de cette classe sur un muret dans le centre ville de Sare !

Les classes qui nous intéressent principalement sont :
- la végétation vivace non nitrophile des parois et des murs :
Asplenietea trichomanis (Br.-Bl. in H.Meier & Br.-Bl. 1934) Oberd. 1977
on remarquera que la Capillaire (Asplenium trichomanes) est observée sur un mur à Heleta en compagnie d'espèces nitrophiles telles que des Orties (Urtica dioica) ou en encore le Géranium-Herbe-à-Robert (Geranium robertianum)

- les communautés nitrophiles des murs :
Parietarietea judaicae Rivas Mart. in Rivas Goday 1964

Citons en parallèle, les communautés chasmophytiques, épiphytiques et "glaréicoles" des parois et des dalles ombragées (on passe donc ici à la situation horizontale), épilithique à terricole, végétation principalement composée de bryophytes et de fougères :
Anogrammo leptophyllae-Polypodietea cambrici Rivas Mart. 1975
En effet, les murs non cimentés peuvent présenter des espaces plus ou moins plats permettant d'accueillir des espèces non spécifiquement rupicoles.

Quelques exemples :
Ainhoa - (le 11 janvier 2013)

Végétation rupicole sur un vieux mur à Ainhoa, Pays Basque
Vieux mur - face exposée à l'Est
Ceterach (Asplenium ceterach)Ombilique (Umbilicus rupestris)
Sur ce mur, le Ceterach (Asplenium ceterach) est roi : il y occupe une grande place, et à part la Capillaire (Asplenium trichomanes), quelques Astéracées (dont la Paquerette des murailles - Erigeron karvinskianus), un pied d'Ombilique (Umbilicus rupestris) et quelques pousses de Lierre (Hedera helix), seules des mousses prétendent encore se faire une place.

Capillaire (Asplenium trichomanes)
Fraisier sur un mur à Ceterach
Dernier prétendant : un petit fraisier (Fragaria cf vesca).

Ainhoa - derrière le cimetière - (le 11 janvier 2013)
Mur cimenté, recouvert exclusivement de Paquerette des murailles (Erigeron karvinskianus)
Ce mur, exposé à l'Ouest, est est presque exclusivement occupé par la Paquerette des murailles (Erigeron karvinskianus), qui semble n'y trouver aucune concurrence.
        Erigeron karvinskianus - Paquerette des muraillesErigeron karvinskianus - Paquerette des murailles

Heleta - le 12 janvier 2013

 Muret tourné vers le sud-ouest mais en situation encaissée : face à une colline boisée et donc très ombragé. Les fissures béantes hébergent toutes sortes de plantes et pas seulement des espèces rupicoles.
 Omniprésente : la Capillaire (Asplenium trichomanes). Elle cohabite avec l'Herbe à Robert (Geranium robertianum), une petite Cardamine, des Oxalis, la Benoîte (Geum sp.), quelques fraisiers (Fragaria cf vesca), plusieurs Astéracées, une Poacée, une Apiacée et même des Orties (Urtica dioica).

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